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Patino, B. (2019). La civilization du poison rouge. Petit traité sur le marché de l’attention. Éditions Grasset & Fasquelle. Tradução portuguesa em 2019, Gradiva.

Destaques

Rui Alexandre Grácio [2024]

“Nous vivons dans le monde des drogués de la connexion stroboscopique.” [p. 14 da versão portuguesa]

“Cette évolution n’était pas écrite. Les nouveaux empires ont construit un modèle de servitude numérique volontaire, sans y prendre garde, sans l’avoir prévu, mais avec une détermination implacable. Au cœur du réacteur, nul déterminisme technologique, mais un projet économique, qui traduit la mutation d’un nouveau capitalisme. Au cœur du réacteur, l’économie de l’attention.
Le nouveau capitalisme numérique est un produit et un producteur de l’accélération générale. Il tente d’augmenter la productivité du temps pour en extraire encore plus de valeur. Après avoir réduit l’espace, il s’agit d’étendre le temps tout en le comprimant, et de créer un instantané infini. L’accélération a remplacé l’habitude par l’attention, et la satisfaction par l’addiction. Et les algorithmes sont les machines-outils de cette économie.” [pp. 14-15 da versão portuguesa]

“La société numérique rassemble un peuple de drogués hypnotisés par l’écran.” [p. 20 da versão portuguesa]

“la « captologie », ou l’art de capter l’attention de l’utilisateur, que ce dernier le veuille ou non.” [p. 47 da versão portuguesa]

“La civilisation numérique est fondée sur les données, leur collecte et leur utilisation. Le capitalisme numérique sera un data-capitalisme. Les données personnelles ont souvent été comparées au pétrole de cette économie à venir, nécessaire à toute production, et accordant une richesse inégalée à ceux qui sont capables à la fois de les détenir, et de les « raffiner » en les transformant en algorithmes. Mais dans sa forme initiale, brute, sans contrôle, l’utilisation de ce pétrole s’est faite dans une seule et même direction : comprendre les comportements pour mieux les prévoir, voire les influencer.” [p. 48-49 da versão portuguesa]

“L’économie numérique s’est insérée dans la conquête économique du temps. Les libertaires l’avaient rêvée économie du partage, les praticiens l’ont créée sous forme d’économie de la captation.
Les algorithmes ne sont que des formules mathématiques qui mettent en équation de l’intelligence élaborée à partir des milliards de données collectées par les grandes plates-formes numériques. Les 3 V nécessaires à l’exploitation des données, la vitesse, le volume et la variété, doivent se conjuguer au savoir scientifique capable de créer de l’intelligence artificielle à partir de celles-ci. Les géants de l’Internet ont fait le choix économique d’orienter la création de cette intelligence dans le but de s’emparer du temps de leurs utilisateurs pour mieux le vendre, aux publicitaires d’une part, aux services numériques d’autre part. Ce fut un choix. Il n’y avait en la matière aucune obligation technologique.” [pp. 51-52 da versão portuguesa]

“Toute l’économie numérique n’est pas tournée vers l’économie de l’attention, loin s’en faut. Mais sa partie la plus visible et la plus quotidienne l’est de façon indubitable. Tout comme le sont les algorithmes d’intelligence artificielle les plus communs, ceux qui nous entourent en régissant nos actions face aux écrans. Le philosophe Bernard Stiegler peut parler à leur sujet de bêtise artificielle, ils n’ont pas besoin d’être très sophistiqués. Leur objectif principal est de jouer sur les ressorts psychologiques déterminants dans l’inflexion des comportements. Il s’agit pour ces premières expressions de l’intelligence artificielle d’assurer la connexion permanente des utilisateurs, des interactions nombreuses et les plus rapprochées possible, des actions conformes à leurs recommandations. Selon le philosophe Éric Sadin, « l’intelligence artificielle, c’est un mode de rationalité technologique cherchant à optimiser toute situation, à satisfaire nombre d’intérêts privés et au bout du compte, à faire prévaloir un utilitarisme généralisé ». Elle exprime « la volonté de l’industrie du numérique d’être continuellement à nos côtés afin d’infléchir nos gestes en énonçant ce qui est supposé nous convenir ».” [p. 52 da versão portuguesa]

“La forme nouvelle de l’Internet n’est pas sémantique, mais dessinée par l’économie de l’attention.” [p. 55 da versão portuguesa]

“L’universitaire américaine Shoshana Zuboff a établi le parallèle entre capitalisme industriel et capitalisme numérique. Pour elle, le premier s’est développé à partir de l’appropriation de la nature et l’extraction de matières premières de la planète, jusqu’à en menacer l’équilibre. Le second exploite, avec la même intensité et sans souci des conséquences, les données identitaires et comportementales.” [pp. 61-62 da versão portuguesa]

"Les outils numériques ont généralisé la capacité technique de faire plusieurs choses en même temps. La connexion permanente et la mobilité ont conquis le temps « inutile », dans les transports notamment.” [p. 63 da versão portuguesa]

“Ce parcours fléché est la matérialisation des algorithmes qui, en permanence, nous guident dans nos parcours et nos décisions : les suivre aveuglément en croyant à leur promesse d’optimisation a fait de nous des somnambules.” [p. 68 da versão portuguesa]

“Comme le précise Éric Sadin, « il s’agit de créer une réalité qui nous soit conforme, afin de nous plonger le plus longtemps possible et de façon la plus répétée possible dans cet univers. Ces systèmes computationnels sont dotés d’une singulière et troublante vocation : énoncer la vérité ».” [pp. 70-71 da versão portuguesa]

“Ces trois facteurs ne sont pas d’origine technologique, mais de nature économique. Ils sont le pur produit non de la révolution numérique, mais de la confiscation de celle-ci par le nouveau capitalisme de l’économie de l’attention.” [p. 83 da versão portuguesa]

“ Et le passé inventé remplace l’histoire advenue, et la mémoire des hommes n’est plus qu’une fiction.” [p. 89 da versão portuguesa]

“Le récit éclaire notre époque numérique, où la croyance de chacun finit par structurer sa propre réalité en devenant une vérité qu’il imagine partagée.” [p. 89 da versão portuguesa]

L’agenda setting, la capacité de dicter l’agenda, complète les analyses du sociologue français Gabriel Tarde, qui, dès la fin du XIXe siècle, évoquait l’aptitude des médias à organiser la conversation publique. Non pas en énonçant ce qu’il faut penser sur un sujet, mais en promouvant les sujets sur lesquels il faut penser. ” [p. 94 da versão portuguesa]

“(…) l’arena passionnelle et ouverte à tous des réseaux menace d’assécher l’agora raisonnée des médias journalistiques dans sa capacité à percevoir l’ensemble de ce qui se joue dans la société.” [p. 102 da versão portuguesa]

“La maladie, le vieillissement, voire la mort, sont des frontières franchissables et bientôt dépassées. Le thème charrie tous les fantasmes, de la « copie » du cerveau sur un disque dur d’ordinateur permettant la survie virtuelle jusqu’aux implants nanotechnologiques modifiant les capacités intellectuelles et biologiques, et semble annoncer la fin de l’espèce humaine.
Le récit transhumaniste est complété par les peurs nées du développement de l’intelligence artificielle (I.A.), et de son volet lié au machine learning, les machines qui apprennent. Derrière ce terme fantasmagorique se cache une réalité très prosaïque, puisqu’il désigne les algorithmes qui apprennent à effectuer une tâche « par eux-mêmes » grâce à la répétition quasi infinie d’une action” [p. 104 da versão portuguesa]

“Échanger, sans regret, la fiction transhumaniste pour un nouvel humanisme numérique.” [p. 108 da versão portuguesa]

“L’inégalité qui vient est tout autre, cependant : il s’agira d’avoir non plus accès à la connexion, mais à la déconnexion. Accès non pas à la musique, mais au silence, non à la conversation, mais à la méditation, non à l’information immédiate, mais à la réflexion déployée. Les séminaires de désintoxication technologique se multiplient. Les retraites spirituelles dans les monastères ont changé de nature : il fallait échapper au monde pour trouver Dieu, il faut désormais échapper aux stimuli électroniques pour, simplement, se retrouver. Être coupé des réseaux pour, enfin, être à nouveau au monde. Mais l’enjeu n’est pas de disparaître, ni de refuser les extraordinaires potentialités de la société numérique. Il nous faut simplement comprendre que la liberté s’exerce dans la maîtrise. ” [p. 112 da versão portuguesa]

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Última atualização em 9 de abril de 2025